28-02-2008 |
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SAINTE-SOPHIE
Merveille des merveilles de la civilisation byzantine, la basilique emblème de Constantinople est aujourd'hui un musée (déclaré en 1935 par Atatürk). Edifiée de 532 à 537 par Justinien, elle est le symbole vivant de la puissance byzantine à son apogée. L'église frappe par son remarquable état de conservation et sa taille gigantesque qui, pour une construction du VI ième siècle, forcent l'admiration ! De 537, année de son inauguration, à 1453, date à laquelle elle est transformée en mosquée, Sainte-Sophie restera d'ailleurs le plus grand édifice religieux jamais construit par la chrétienté ! Sainte-Sophie adopte à la fois le plan central en croix grecque, issu des anciens mausolées païens et la forme basilicale provenant des anciennes salles de réunion romaines ; sa coupole, symboliquement assimilée à la voûte céleste, devient un leitmotiv de l'architecture religieuse et du premier art byzantin. Sur ordre de Justinien, le grand monarque bâtisseur, elle doit éclipser tout ce qui a été fait auparavant et surpasser même le temple de Salomon : les matériaux précieux affluent de tout l'Empire, on fait venir les marbres de Byblos et de Louqsor, et on va jusqu'à dépouiller l'une des 7 Merveilles du Monde, le temple d'Artémis à Ephèse. Grâce à la mobilisation de 10 000 ouvriers, la basilique est achevée 5 ans après le début des travaux ... un record ! Malheureusement, la coupole s'écroule en 539. On la reconstruit en diminuant son rayon et en la renforçant au moyen d'énormes contreforts qui donnent à Sainte-Sophie son actuelle allure extérieure trapue. |
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Nous avons démarré notre visite par les tribunes. Outre une vue superbe sur la coupole et l'ensemble du bâtiment, cet étage permet d'admirer une partie des mosaïques qui décoraient à l'époque byzantine tout l'intérieur de Sainte-Sophie. |
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Le soir même de la prise de Constantinople, Mehmet II fait son entrée solennelle dans Sainte-Sophie : le sultan la transforme immédiatement en mosquée. Se considérant comme l'héritier des empereurs byzantins, il donne l'ordre de conserver les mosaïques et fait seulement remplacer l'image du Christ Pancrator ornant la coupole par un texte coranique. |
Du haut des tribunes, on est ébloui par les volumes aériens de la nef dont la légereté contraste avec l'extérieur massif de l'édifice. |
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Dans la galerie sud, vous découvrirez les fragments d'une très expressive Déisis : à l'époque des Paléologues (1261-1453), les artistes byzantins donnent au Christ bénissant des traits empreints de bonté et de douceur. Cette nouvelle esthétique abandonne toute austérité : elle accentue la tristesse du regard et fait du visage de Marie l'un des plus émouvants qu'ait laissé l'art byzantin. |
Comme la fresque ou le vitrail en Occident, la mosaïque sert à l'édification des fidèles. Mais son rôle ne s'arrête pas là . Elle capte et transforme l'essence immatérielle que les théologiens considéraient comme une manifestation divine : la lumière. |
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Nous voilà redescendus ... furtive apparition entre les énormes piliers de marbre. |
La prodigieuse coupole de 31 m de diamètre, image de la sphère céleste du royaume de Dieu, s'élève à 56 m du sol, l'équivalent d'un immeuble de 18 étages ! L'effet voulu par les architectes de Justinien fonctionne toujours : le regard est attiré de manière irrésistible vers le sommet de la coupole, sorte d'équivalent symbolique de l'élévation de l'âme. |
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De la contempler illuminée et entourée de neige, on réalise un peu la fascination que Sainte-Sophie a exercé sur les Ottomans. Les architectes des sultans ne cesseront d'ailleurs d'imiter son plan audacieux lorsqu'ils érigeront les grandes mosquées impériales des XV ième et XVI ième siècles. |
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