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JAIPUR I
Le clan rajpoute des Kachwaha est la dynastie du royaume du Dhundar dont la capitale fut Amber puis Jaipur. C'est l'alliance avec les moghols qui lui apporta ses heures de gloire : en 1562, le prince d'Amber, Bharmal, accepta la suzeraineté de l'empereur moghol Akbar en lui donnant sa fille en mariage (elle sera la mère du futur empereur Jahangir). Première union jugée scandaleuse, mais qui fut suivie de bien d'autres mariages entre les princesses hindoues et les princes moghols. En retour, Akbar lui confia le commandement d'une troupe de 5000 chevaux dans son armée. Les successeurs de Bharmal guerroyèrent aussi pour le Grand Moghol et contribuèrent à la rapide expansion de l'empire, comme à l'enrichissement du royaume d' Amber qui connut son apogée avec le règne de Jai Singh II (1699-1742). Astronome et érudit, il fit édifier en 1727 la ville de Jaipur à proximité d'Amber devenue trop petite et sans espace pour s'étendre.L'attitude diplomatique, qui fut une caractéristique de la politique du royaume du Dhundar , favorisa son développement économique. C'est ainsi que Jaipur devint la ville la plus importante du Rajasthan et fut choisie pour capitale de cet Etat au moment de l'indépendance. La cité ne manque pas d'intérêt, à la fois oeuvre d'art et centre plein de vie, Jaipur étonne et ravit : le City Palace, l'Observatoire et le Hawa Mahal (palais des vents) sont autant de monuments surprenants. Il ne faut pas se précipiter car cette cité passionnante est aussi fatigante par son grouillement bruyant. N'hésitez pas à découvrir la vie de certains quartiers comme Chand Pol ou Jauhari Bazar ou encore Nehru Bazar, plus animés en fin de journée. Ne manquez surtout pas vers 18h, la cérémonie en l'honneur de Krishna au temple de Govindaji. Enfin, des excursions aux alentours de Jaipur vous attendent : le palais d'Amber (ancienne capitale) et le fort de Jaigarh (un chapitre leur est consacré plus loin), les cénotaphes de Gaitore et les palais-jardins près de Galta. Jaipur est aussi la ville où habite Bharat, notre chauffeur, qui nous a gentiment invités à dîner pour faire la connaissance de sa famille. |
Nous passons à pied "Chand Pol", la porte de la lune, pour arpenter la vieille ville de Jaipur et goûter à son animation pittoresque. |
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Tout est à observer sur Chand Pol Bazar : de la circulation anarchique à la multiplicité des boutiques et des petits métiers installés sur le trottoir. |
Au carrefour de Choti Chaupar, le fourmillement des vélos, charettes, scooters, rickshaws, porte-faix et autres engins est un vrai spectacle ! |
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Malgré une pluie intense, les fidèles affluent au temple de Govindaji (c'est-à-dire Krishna berger). Aujourd'hui, c'est justement la fête de la naissance de Krishna, il y a donc beaucoup de monde, des familles entières ... Ce temple est toujours très animé lors des sept cérémonies quotidiennes qui rythment les soins attentifs apportés à la divinité. On l'éveille vers 5 h, l'honore d'offrandes vers 8 h, l'habille vers 10 h ... A 18h30 et 20 h surtout, les fidèles s'assemblent pour chanter des "bhajan" (chants religieux) à la gloire de Krishna, dès que les rideaux s'ouvrent pour laisser voir la statue. Nous n'étions pas tout près car il aurait fallu être déchaussés dans la boue et coincés parmi la foule ... |
Ferveur au temple de Govindaji même si la statue de la divinité est loin devant. Le sanctuaire demeure le plus populaire de la ville. |
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L'observatoire du Jantar Mantar fut conçu par le Maharaja Jai Singh II qui, lettré et homme de sciences érudit, était passionné d'astronomie : il étudia avec plusieurs maîtres hindous, musulmans, et avec des missionnaires jésuites. C'est pour faciliter ses propres recherches qu'il décida d'améliorer les traditionnels instruments en laiton, en les agrandissant pour obtenir des mesures plus précises. C'est ainsi qu'il mit au point lui-même plus d'une douzaine d'instruments et qu'il fit édifier cinq observatoires en Inde (celui de Jaipur est le plus grand et le plus accompli) dans l'espoir de pouvoir mieux calculer les positions exactes des planètes et corriger les tables astronomiques en vigueur. Ici, le "Samrat Yantra", l'intrument suprême, est un cadran solaire géant. Sa maçonnerie triangulaire de 27 m de haut supporte, comme une grande arche, deux arcs de cercle en marbre. Il permet de connaître l'heure locale en lisant la place de l'ombre sur la graduation des arcs de cercle. |
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Le "Jai Prakash Yantra" (notre préféré) est constitué de deux hémisphères complémentaires encastrés dans une plate-forme. Ils permettent de connaître l'heure, la place du soleil et des ascendants dans le zodiaque pour déterminer les horoscopes. L'observatoire de Jaipur est une réalisation exceptionnelle : elle apporta un réel progrès et sa réputation attira les astronomes du monde entier. Il fut d'ailleurs utilisé jusqu'en 1944 pour lire l'heure solaire qui était l'heure locale officielle. Des astrologues consultent encore ces instruments pour vérifier la date des fêtes qui fluctuent selon un calendrier lunaire, et calculer les horoscopes. Même pour le profane, ces formes insolites présentent un intérêt esthétique et architectural, et même si beaucoup restent énigmatiques, on est saisi par la pureté des lignes géométriques et l'équilibre des volumes. |
Dans le plan de la ville, Jai Singh II s'était réservé deux quartiers sur les neuf, pour y édifier un vaste palais (City Palace) entouré de jardins, de pavillons, de temples et de cours, reliés par une série de portes monumentales, auxquelles ses successeurs firent encore des adjonctions. De cet immense ensemble, on ne visite que quelques salles aménagées en musée, et une petite partie de l'extraordinaire collection royale. La famille royale habite toujours le reste du palais. |
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Le Chandra Mahal (palais de la lune) est réservé à la famille royale. C'est un édifice de sept étages qu'on ne visite pas. |
Nous sommes dans la "Pritam Chowk", une petite cour égayée de 4 portes chatoyantes. |
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Une des portes de la Pritam Chowk est décorée de différents motifs de paons. |
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Jaipur fut construite selon un plan d'urbanisme précis et équilibré, conçu par Jai Singh II lui-même avec l'assistance de l'architecte bengali Vidyadhar, après l'étude des plans de plusieurs capitales européennes et des très anciens traités d'architecture indienne. Pour répondre à leurs diverses fonctions et satisfaire l'oeil, trois catégories de rues furent tracées selon des largeurs proportionnelles. On accorda 34 m de large aux principales avenues, pour aérer la ville et surtout permettre de fastueux défilés lors des fêtes. Le souci de ces fêtes, qui permettaient au Maharaja de parader et au peuple d'exprimer sa ferveur religieuse, se retrouve encore dans la conception des longues terrasses (on y aperçoit ici des personnes assises) qui bordent les avenues au-dessus des boutiques : elles servaient de tribunes à la foule pour admirer les processions. De nos jours encore, la tradition s'est conservée. |
Le long de l'avenue Sireh Deorhi Bazar s'élève la célèbre façade du palais des vents. Edifié en 1799 sous Pratap Singh, le Hawa Mahal dresse une vaste pyramide de cinq étages de loggias plus ou moins saillantes, sagement alignées sous des rangées de demi-dômes, et perçées de 953 petites ouvertures. Cette façade minutieusement ruchée n'est qu'un vaste décor de théâtre abritant des corridors de plus en plus étroits vers le sommet. D'où son appellation de "palais des vents" qui évoque aussi bien la légèreté de sa construction (épaisse d'à peine 25 cm), que l'aspect ajouré et aéré de ses multiples fenêtres. Les femmes de qualité s'abritaient derrière cet écran pour assister aux fêtes sans être vues. Nous n'avons pas visité "l'envers du décor" mais vous pouvez y accéder et grimper au sommet, pour une vue panoramique sur la ville et le City Palace. |
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